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NOS LIBÉRATEURS
Les soldats de l’empire colonial français 1939-1945
« Sans l’Empire, la France ne serait qu’un pays libéré. Grâce à son Empire, la France est un pays vainqueur. Vainqueur dans le combat pour la liberté des hommes
et des peuples, car tel était l’enjeu de cette lutte apocalyptique. Les fils d’outre-mer y ont pris part, non comme des mercenaires sans âme, mais comme des éléments d’humanité décidés à sauvegarder définitivement la liberté. »
Gaston Monnerville, 15 mai 1945
À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, l’Empire colonial français était à son apogée. Il s’étendait sur quatre continents et comptait plus d’habitants que la seule métropole. Devant la montée des périls en Europe, la France avait prévu de mobiliser les forces de l’Empire au secours de la République. Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, des troupes furent levées dans les colonies. Dans le courant de l’automne, des contingents venus de tous les territoires de l’Empire débarquèrent en France pour prêter main forte aux armées de la métropole.

Moins d’un an plus tard, en juin 1940, l’armée française était brutalement défaite. « Rien n’est perdu parce que cette guerre est une guerre mondiale » affirmait le général de Gaulle. La France ne pourrait, selon lui, reconquérir sa liberté et son rang parmi les nations qu’en contribuant à la défaite des nazis et de leurs alliés. En métropole, les soldats avaient déposé les armes. La renaissance de la France passait dès lors par son empire et par ses peuples.

Seules quelques colonies choisirent de suivre le général de Gaulle dans l’été 1940. La plus importante fut l’Afrique équatoriale. La France libre avait désormais un territoire et une armée. Durant près de trois années, sa capitale fut sur les bords du fleuve Congo et les premiers grands faits d’armes de la France combattante, Koufra, Bir Hakeim, eurent lieu sur ce continent. Au sein des Forces françaises libres, les soldats indigènes d’Afrique noire constituèrent au début près de la moitié des effectifs. Mais toutes les colonies ne se rallièrent pas d’emblée à la métropole. Il y eut d’abord un Empire divisé, deux armées.

Le mois de novembre 1942 marqua un tournant dans la guerre. L’Allemagne nazie rencontrait ses premières grandes défaites et, avec le débarquement américain en Afrique du Nord, le fleuron de l’Empire colonial français basculait dans le camp allié. Il entraînait avec lui l’Afrique occidentale française et les Antilles.

Pour que la France fut à nouveau admise à égalité par les Alliés, il fallait qu’elle devint militairement nécessaire. Graduellement, à partir de novembre 1942 en Tunisie, puis en Corse et en Italie, l’engagement militaire français monta en puissance. Pour cela, la France fit appel aux peuples de son empire. Plus de la moitié des effectifs de cette armée reconstituée venait d’Afrique du Nord : l’Armée d’Afrique allait jouer un rôle important dans la libération de la France.

La France aurait pu n’être qu’un pays libéré par les Alliés. Le débarquement de Normandie en juin 1944 fut une opération militaire anglo-saxonne où la participation française était symbolique. Les Américains ne jugèrent pas utile d’annoncer son déclenchement au général de Gaulle: ils avaient prévu de gouverner eux-mêmes les territoires qu’ils libéreraient.

Ainsi, la reconnaissance par les Alliés du Gouvernement provisoire de la République française dépendait plus que jamais de sa contribution à la défaite du nazisme. Son armée comptait alors plus d’un demi-million de soldats et les résistants rassemblés dans les Forces françaises de l’Intérieur, les FFI, étaient plusieurs centaines de milliers.

Lors du débarquement de Provence en août 1944, les troupes de l’armée française de la libération furent, cette fois, aussi nombreuses que les contingents alliés. En Normandie, au même moment, d’autres unités françaises débarquaient à leur tour. Ces forces allaient faire leur jonction en Bourgogne, contribuer à la libération de l’est de la France avant de franchir le Rhin. Elles avaient atteint le Danube lorsque le IIIe Reich capitula.

Citoyens de la République et sujets de l’Empire réunis, des hommes et des femmes issus de cinq continents avaient fait de la France, vaincue cinq ans plus tôt, un des vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. La place de la France dans le monde aujourd’hui, son statut au sein des organisations internationales, est un héritage de cette victoire.

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